Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Février ? Next !

Invité incongru, Tancrède de Beaufort voit le monde systématiquement décalé. Humour et second degré obligatoires.

Autant vous le dire tout de suite, sans ambages ni détours : je déteste le mois de février ! C’est le mois le plus ennuyeux de tous, le plus froid, le plus morne, le plus gris et… le plus court, ce qui n’est pas plus mal, me direz-vous. Et pourtant, c’est paradoxalement cette courte durée qui représente pour moi la plus grande catastrophe, j’y reviendrai plus loin !

Sérieusement, on ne peut pas aimer ce deuxième mois de l’année ! Coincé entre janvier qui démarre, certes, sur la gueule de bois du lendemain de la saint-Sylvestre, mais qui porte en lui l’énergie de toutes les bonnes résolutions de la nouvelle année et un mois de mars plein de promesses, tendu comme un arc vers le renouveau printanier, février se traîne comme une bête malade, dans la grisaille, nous donnant l’impression de traverser le tunnel de l’ennui, dans le froid et les congères, une vraie purge ! Certains m’objecteront qu’il y a bien la fête de la Chandeleur (le 2 du mois). À ceux-là je répondrai que la perspective de rester cloîtré chez moi à m’empiffrer de crêpes en regardant tomber la neige à travers les vitres givrées de ma fenêtre ne m’enchante guère !  Seconde fête de février : la saint-Valentin, plantée le 14, en plein milieu du mois, comme une balise qui, avec ses chichis d’amoureux dégoulinants de guimauve, de fleurs et de dîners aux chandelles, réussit la double performance de culpabiliser à la fois les personnes qui vivent en couple, leur donnant la désagréable impression de ne pas en faire assez l’un pour l’autre (« suis-je assez romantique ? ») et les célibataires, en leur plombant le moral, et leur faisant bien sentir qu’ils sont seuls et passés, cette année encore, à côté du grand amour ! Infect !  

Deux jours plus tard, c’est « Carnaval », une date flottante entre le 3 février et le 9 mars, 47 jours avant Pâques qui navigue également, au gré des fluctuations lunaires des savants calculs du calendrier chrétien. Le 16 de ce mois, donc, en dépit du froid et du ciel grisâtre, nous allons pouvoir faire la fête, nous amuser, nous déguiser, en mettant des masques… Des masques ! Je crois qu’en la matière, nous avons tous eu notre « dose » ces derniers mois… Oublions Carnaval… On fêtera ça l’année prochaine ! En mars, parce qu’en 2022, Carnaval aura lieu le premier mars. Je signale au passage qu’un rapide regard sur le calendrier des « journées mondiales » m’indique que le 20 février est la journée mondiale du… pangolin ! Avec tout ce que cet animal préhistorique nous a fait morfler depuis un an, on a vraiment envie de lui faire sa fête ! Le 29 février (qui n’existe qu’un an sur quatre, lors des années bissextiles, donc, pas cette année…) est consacré à la « journée mondiale des maladies rares ». Voilà une riche idée : consacrer un jour rare à un truc rare ! Les types qui ont choisi cette date ont dû se dire : « Les maladies rares, tout le monde s’en fiche, alors, un jour tous les quatre ans, ça sera largement suffisant ! » Mais dans le fond, ça tombe plutôt bien, car être né, comme moi, un 29 février peut s’apparenter à une maladie rare. Oui, je suis né un 29 février et j’en ai souffert durant toute mon enfance. Au hit-parade des grands naufragés de l’anniversaire, il y a, en troisième position, les natifs de début août, dont la plupart des copains sont absents parce que partis en vacances, qui sont obligés de fêter seuls, en pleine torpeur estivale. En seconde place, il y a ceux, nés entre le 15 décembre et le 1er janvier, qui voient leur anniversaire systématiquement escamoté par les fêtes de fin d’année, et, tout en haut du podium, il y a les natifs du 29 février, condamnés à n’avoir de vraie date d’anniversaire que tous les quatre ans ! Alors qu’on fêtait mes huit ans, un de mes oncles n’a rien trouvé de plus malin que de m’annoncer en rigolant : « Tu sais, mon petit Tancrède, ton prochain « vrai anniversaire », ça sera pour tes douze ans ! Hahaha ! » Annoncer à un gamin qu’il va lui falloir attendre 4 années pour retrouver un vrai anniversaire… C’est vraiment à « mourir de rire » ! Depuis, je me suis habitué à cette vanne moisie (« Au fait, cette année encore, ça n’est pas vraiment ton anniversaire, Hahaha… »), au fil des ans, j’ai fini par m’en amuser moi-même… comme ici, en écrivant cette chronique. Je dois parfois (de moins en moins, je l’avoue) endurer quelques tracas administratifs, la réticence d’un ordinateur ou formulaire d’inscription qui ignore le 29 février, tout comme Facebook qui, il y a quelques années encore, passait allègrement du 28 février au 1er mars, sans se poser de question !  Je partage cette particularité avec l’acteur Gérard Darmon, le chanteur Khaled ou la légendaire Michèle Morgan, ainsi qu’avec 40 000 autres Français, frères et sœurs d’infortune ! Pour paraphraser le poète chantant Laurent Voulzy, nous sommes « nés dans le gris par accident » !

Show CommentsClose Comments

Leave a comment

0.0/5